Toutes les informations ne se valent pas ! : voilà ce que nous devrions afficher au-dessus de notre télévision et de notre PC.
Je vous propose une liste de 6 vérifications simples à réaliser lorsque vous êtes face à un article qui relaie une information d'actualité (ou toute autre information d'ailleurs !). Je vais prendre exemple sur la période actuelle, à savoir la pandémie et les vaccins contre la COVID-19.
Allons-y !
Point 1 - Identifier la source de l'article que je lis, ou de l'information relayée.
Quel est ce site ? Cette question peut en effet déjà nous permettre d'y voir plus clair. Tous les sites d'informations ne se valent pas. Nous ne rangeons pas le magazine/média (papier ou numérique) Voici au même rang que Cerveau et psycho.
L'un, Voici, consiste à diffuser des informations "tous publics" relatives au monde People, mais rien ne les empêche de publier un papier sur la Covid-19 et les vaccins. Cela a été fait, et ce type d'article n'est pas signé, ce qui peut signifier que ces informations sont éventuellement tirées d'autres sites du même genre.
L'autre, Cerveau et psycho, est réputé pour ses informations scientifiques fiables, et est rédigé par des experts reconnus (chercheurs, psychologues, psychiatres, neuro-scientifiques, etc.)
Si vous tombez sur un article de Voici (ou autres sites à la ligne éditoriale similaire) qui prétend que le nouveau vaccin contre le coronavirus est déconseillé, mieux vaut être sur ses gardes, et ne pas contribuer à la diffusion de cet article en le partageant.
Pour le moment, tentons de suspendre notre jugement. Pourquoi ? Parce que c'est un sujet IMPORTANT !
Point 2 - Identifier l'auteur de l'article.
Si l'auteur d'un article parle de médecine, est-il spécialisé dans ce domaine ?
La liberté d'expression permet à tout un chacun de s'exprimer, et c'est très bien ! Par contre, cela laisse la porte ouverte à une diffusion d'informations peu fiables. Et c'est logique !
Là, si j'en ai envie, je peux ouvrir une page vierge sur Word, écrire sur l'hydroxycloroquine, sur sa prétendue efficacité dans le traitement de la COVID-19, et diffuser mon écrit sur une page internet qui sera potentiellement partagée et publiée ! Trouvez-vous cela prudent ? Non, pas du tout. Mais c'est mon droit.
Je peux aussi très "aisément" vous expliquer (parce que je suis blogueur et auteur d'articles) que les vaccins contre la COVID-19 ont été conçus beaucoup trop vite en comparaison d'autres vaccins, et influencer votre jugement. Pourtant je n'ai pas la moindre compétence en vaccinologie. Vous pourriez même partager mon papier. Je deviendrais alors dans ce cas AUTEUR d'un article très peu fiable, pourtant partagé à grande échelle.
Être en droit de m'exprimer sur la crise actuelle, à savoir la pandémie COVID-19, ne fait pas de moi un expert dans ce domaine.
On en arrive au fait que tous les diffuseurs d'informations n'ont pas les mêmes compétences. Et par association, les informations qu'ils diffusent n'ont pas la même valeur.
Qui préférez-vous écouter au sujet d'un vaccin ? Un scientifique reconnu par ses pairs, expert dans le domaine de la vaccinologie, ou un dentiste maintes fois condamné par la justice pour homophobie, plagiats et diffusions de fakes-news ?
Probablement le scientifique, parce que c'est plus prudent et plus rationnel.
Cela n'est pas la preuve que le dentiste à forcément tort, ni que le scientifique a forcément raison, bien-sûr. Mais il est plus prudent et raisonnable de se diriger vers celui qui a reçu un enseignement spécifique, et paraît exemplaire dans son parcours.
Il ne vous viendrait pas à l'idée d'appeler un plombier pour faire réparer votre télévision, j'en suis sûr ! Ni d'emmener votre bébé chez le vétérinaire en cas de forte fièvre ! Par prudence, vous privilégieriez le pédiatre, et vous auriez raison !
Tout ça pour dire que dans de très nombreux médias, derrière les articles, il y a des blogueurs et des journalistes dont ce n'est pas forcément le métier de s'exprimer sur le sujet en question. De la même manière, et dans ces mêmes médias, parfois, la parole est donnée à celui ou celle qui n'est pas forcément expert sur le sujet traité.
Souvenez-vous d'une chose (ça ne fonctionne que si, effectivement, les métiers décrits ne sont pas les vôtres) : Le pharmacien est plus expert que vous et moi en pharmacologie et en maladies, mais moins expert que le médecin généraliste. Et le médecin généraliste est moins expert en microbiologie que le microbiologiste qui, lui-même, est moins expert en vaccin que le vaccinologue.
Et pourtant nous avons tous quelque chose à dire sur le vaccin, mieux, nous avons l'impression que notre avis compte et a de la valeur. On pourrait rajouter : tous les avis ne se valent pas !
Point 3 - Vérifier la date.
Bien souvent, des articles relayés sur Facebook ne sont plus d'actualité. Nous pouvons le constater tous les jours.
Pourquoi c'est un problème ? Parce que ce que cela nous induit en erreur !
Je vais vous rapporter une "conséquence" piochée sur mon fil d'actualité Facebook au début du mois de décembre, alors que les cas "positifs" à la COVID-19 tournaient autour de 10000, quotidiennement. Un de mes "amis" Facebook avait partagé un article du Figaro dont le titre était "Covid-19 : 250 décès en 24 heures, près de 50.000 nouveaux cas."
Je me suis attardé quelques minutes sur le fil de discussion né de la publication de cet article. Nous y retrouvions les commentaires suivants (dont j'ai corrigé les fautes d'orthographe volontairement) :
"Comme par hasard, on passe à 50000 cas aujourd'hui, ils se foutent de notre gueule!" "Ben oui, ils veulent re-confiner !" "Je sais, c'est logique." "Genre, les gens ils sont encore malades, lol." "Normal qu'il y est 50000 cas, ils veulent re-confiner." "Oui, mais aussi parce que les grippes et les rhumes passent en Covid." "Les cancers aussi, d'ailleurs." "50000 cas aujourd'hui, et demain on re-confine." "On devrait faire une révolution." "Wep, ma mère a été malade, diagnostiquée Covid, mais en fait, elle avait rien, elle toussait. 50000 cas, tu parles !"
Il a fallu 47 réponses (données sur un temps de 17 minutes) pour qu'une personne finisse par cliquer sur l'article et constate que cette information datait du 24 octobre, date vers laquelle le gouvernement a parlé de re-confiner la population.
Ce jour-là, sur mon fil d'actualité, cet article a été partagé près d'une centaine de fois par mes amis Facebook.
Combien de leurs amis l'ont partagé à leur tour ? Probablement autant. Voire davantage...
Point 4 - Vérifier que l'image ne soit pas trompeuse... et que le titre soit en rapport avec le texte.
De nombreux articles de presse font polémique, notamment grâce, (ou à cause ???) de leurs illustrations qui, quelquefois, manquent de sérieux. En effet, certains articles sont illustrés d'une image qui a déjà servie dans une circonstance différente.
Dernièrement un article montrait une foule d'un millier de personnes au moins, positionnées de dos (on ne voyait pas les visages !!!), montant des escalators dans le métro, en France, en période de pandémie (d'après le titre !!!). L'article avertissait de l'incohérence des décisions politiques en matière de confinement. À première vue, de fait, on ne pouvait que constater le nom respect des gestes barrières au sein du métro.
Sauf qu'après une courte recherche, il s'est avéré que la photo ne représentait pas du tout l'actualité. Après avoir copié son url dans Google image, il m'a été simple de retrouver cette même photo utilisée sept ans auparavant dans un article illustrant le métro parisien.
Comment, alors, cette photo pouvait-elle représenter le non respect des gestes barrières en période de pandémie ?
Parfois (souvent ???) la publication d'une image a clairement l'intention de tromper les lecteurs. De les induire en erreur.
Conseil : lorsque l'illustration d'un article vous semble surprenante, ayez le réflexe de copier l'url de la photo avec un petit clic droit, puis de le coller dans la barre de recherche de google images. Voyez ensuite si cette image a été utilisée avant la date de l'article dans lequel vous l'avez découverte.
Et puis... le texte !
C'est arrivé à tout le monde, j'en suis certain. Vous êtes attiré par un titre, et le texte (donc l'article) n'est presque pas (ou pas du tout) en lien avec le titre. Les titres sont conçus pour nous attirer, alors ils sont racoleurs.
Vous lisez ce titre : "Michel Sardou... le cancer en phase terminal !" et vous comprenez, après lecture de l'article, que c'est un ami du chanteur qui, malheureusement, souffre d'un cancer de stade 4. C'est trompeur, et c'est... dégueulasse !
Cette pratique est courante et ne se limite pas à la presse people. Elle est présente chez tous les diffuseurs d'informations peu rigoureux. Un petit conseil, si vous avez préalablement remarqué cette pratique dans un média, il y a de fortes chances que cela concerne tous les articles qu'il diffuse. Ne lui accordez pas toute votre confiance, ou au moins restez prudent.
Point 5 - D'autres sources ?
Il est toujours nécessaire et plus prudent de croiser ses sources avec d'autres. Si un journal, ou un site d'informations, déclare qu'une infirmière a perdu connaissance après avoir reçu une dose de vaccin contre la COVID-19, regardez si d'autres informations vont, soit dans ce sens soit dans un autre. Cette information est peut-être vrai, bien-sûr, mais elle est peut-être fausse.
Tous les journaux n'ont pas le désir de diffuser des informations de qualité. Il est important de savoir que certains sites sont spécialisés dans la diffusion de fausses informations (Le Gorafi, par exemple, ou Mediamass, etc.), et que d'autres se fichent complètement de la méthode journalistique, se contentant de "copier-coller" des articles publiés ailleurs. Si une bêtise a été dite, alors ce média la propagera tout simplement.
Attention : ce n'est pas parce qu'une information me plait qu'elle est réelle.
Petit 1 (avec un exemple) : Si je crois que les vaccins causent l'autisme, j'aurais tendance à rechercher, et m'arrêter, uniquement sur des informations qui disent et valident ce que je crois. C'est ce qu'on appelle le biais de confirmation.
Petit 2 : J'aurais aussi tendance à éviter ou rejeter tout article qui prétend le contraire de ma croyance. Dans ce cas, si un spécialiste de la vaccination se prononce lors d'une interview, et dit : "non, le vaccin ne cause pas l'autisme" je pourrais être amené à ignorer cette déclaration, voire à penser que ce spécialiste est "payé par les labos pour tenir ce discours". Cette pensée ayant pour but de me conforter dans ma croyance sur les vaccins et l'autisme.
Ce n'est pas parce que je pense cela que c'est vrai pour autant.
Point 6 - Que disent les sites de vérification de l'information ?
Nous avons une chance, c'est que certains sites sont spécialisés dans la vérification d'informations.
Les journalistes qui s'attellent à cette tâche sont rémunérés pour vérifier les informations diffusées par les médias (papiers et numériques). Ils sont réputés fiables, en tout cas davantage que nos intuitions personnelles ! Ils se veulent neutres et méthodiques. Actuellement, à l'heure des fakesnews, le travail qu'ils fournissent est nécessaire, vraiment nécessaire.
En matière d'actualité scientifique, je vous propose de découvrir Sciences et pseudosciences.
Pour les vérifications d'informations généralistes, allez voir AFP France, par exemple.
Voilà !
Si je devais résumer tout ça, soyez prudent et ne prenez rien pour parole d'évangile. Y compris ce que je viens de vous dire. Ce texte est le résultat d'apprentissages, de recherches et de pratiques. Pour approfondir, rendez-vous sur des sites spécialisés dans l'esprit critique et les biais cognitifs. Non seulement vous allez vous régaler, mais en plus vous allez affuter votre esprit critique. C'est tout bénéf' comme on dit.
Merci de m'avoir lu.